Interview de Matt Bellamy sur le nouvel album de Muse : Drones

Publié : 2 mars 2015 | Aucun commentaire

Par Benoit |

Le magazine Ticketmaster a interviewé Matthew Bellamy sur l’enregistrement du nouvel album de Muse intitulé Drones. Retour sur un enregistrement qui a débuté lors de la tournée mondiale et qui s’est poursuivi tout au long de l’année 2014…

 

Comment avance l’enregistrement du nouvel album ?

On a presque fini. On doit juste encore mixer quelques chansons et on aura fini. Enfin ! Parce que ça a été un long et dur processus qui a déjà commencé en 2013 pendant notre dernière tournée mondiale et ça a duré toute l’année. Parce qu’on a essayé une méthode intermédiaire.

D’un côté, d’enregistrer immédiatement toutes les idées qu’on a eues pendant les soundchecks et dans les chambres d’hôtel et d’écrire de nouvelles chansons aussi spontanément que possible. Et de l’autre, de ne pas presser les choses mais de faire notre truc à notre rythme, peu importe combien de temps ça prendrait au final. Donc c’est un mélange entre un travail rapide et très méticuleux parce qu’il est vrai que c’est un peu ainsi que sonnent les chansons écrites sur une tournée. Vu cela, c’est bon de prendre un peu de distance et de ralentir un peu le processus global.

 

Et comment sonnent les chansons ?

Totalement différemment du dernier album. « The 2nd Law » était très électronique alors que « the Resistance » avait beaucoup de musique classique et progressive. Les nouveaux morceaux ont un son rock clair et simple, avec une guitare, une batterie et une basse. Juste parce qu’on n’avait pas envie de nous copier nous-mêmes et de refaire la même chose deux fois. Ce serait ennuyeux. Et pour moi ça veut aussi dire calmer les choses, un peu comme un lendemain de veille.
Se réveiller après ce rêve qu’étaient les deux derniers albums et te demander « putain qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’était complètement fou ! ». Et : « comment en est-on arrivés là ? ». Ce qui a accentué le souhait pour nous de revenir à nos racines, à nos bases musicales. A l’inverse, ça voulait aussi dire se séparer consciemment des éléments additionnels que nous avons expérimentés de 2009 à 2012 – l’électronique, les orchestres et ce genre de choses. On leur a dit au revoir cette fois-ci.

 

Est-ce que cela implique aussi l’idée d’album-concept qui a influencé cette phase ?

Vous voulez dire ces grands thèmes qui servent de fil conducteur à toutes les chansons ? Oui, c’est une de ces choses. Simplement parce que pour moi, ça en fait partie. J’aime écrire des chansons qui sont connectées entre elles et entrelacées, qui racontent une histoire et se complètent mutuellement. Je pense que je vais continuer, même si ce sera un peu moins fort, avec cette approche. Parce qu’encore une fois j’ai un tas de thèmes dont je parle extensivement.

 

Par exemple ?

L’écologie profonde. Une philosophie écologique et environnementale caractérisée par une vie en harmonie avec la nature. Mais aussi ce qu’on appelle le « empathy gap » (écart/manque d’empathie). Ça parle de cette incapacité étrange qu’a l’être humain de concrétiser des choses que nous avons décidé de réaliser. Je pense que c’est très intéressant. Ce sont des thèmes qui m’intéressent dans ma vie privée et que je trouve très excitants.

Exactement comme la théorie selon laquelle nous nous dirigeons lentement mais surement vers une troisième guerre mondiale parce que les vieux conflits au Moyen Orient s’accentuent mais aussi parce que la radicalisation de l’Islam enfle de telle manière que ça ne peut que finir de façon explosive un jour. Et j’ai incroyablement peur de cela parce que cela aura des conséquences dévastatrices, pour toute l’humanité. Mais ça c’est seulement le contenu qui n’a rien à voir avec la musique. La musique c’est quelque chose de simple, de brut et de rock.

 

Est-ce vrai que vous avez écrit une suite à Citizen Erased ?

(rit) En effet oui. Mais je ne sais pas encore si elle apparaîtra sur l’album ou non. Parce que c’était seulement un test.
Je voulais voir si je pourrais encore écrire un jour un morceau dans le style de notre deuxième album, Origin of Symmetry, ou si c’était juste impossible parce que j’étais passé à autre chose.

C’était dans l’idée d’effacer le passé proche et de retourner à quelque chose qui date d’il y a très longtemps. Je n’étais pas sûr et je voulais savoir grâce à ce morceau. Et ça a marché. J’ai réalisé qu’en fait j’étais toujours la même personne qu’au début de notre carrière, même si beaucoup de choses se sont passées entretemps, spécialement dans ma vie privée. C’est sur base de cette conclusion que j’ai approché les autres morceaux. Avec comme devise : ça fonctionne donc je peux continuer comme ça. Avec cette approche de « retour aux bases » dont j’ai parlé plus tôt.

 

C’est pour cela que vous avez choisi Robert « Mutt » Lange comme producteur, un des producteurs les plus talentueux du rock ?

Oui et c’était un rêve depuis longtemps. Parce qu’on a toujours été de grands fans de son travail. C’est un visionnaire, un homme qui utilise les toutes dernières technologies pour créer de la musique traditionnelle et intemporelle. Et cela pour les noms les plus grands et les plus importants de l’industrie musicale.
Il est quand-même responsable du « back in black » de AC/DC, un des meilleurs albums rock de tous les temps et la bande originale de mon adolescence. Jusque-là on n’avait pas encore vraiment osé l’approcher parce qu’il appartient à une autre branche du rock. On est plus dans la branche alternative et il est sans aucune hésitation dans la branche mainstream.

 

Que pense Mutt de votre affirmation que «les solos de guitare, c’est nul»

(rires) En fait, il m’a parlé de cela, la toute première fois que nous nous sommes rencontrés. Il voulait savoir si j’étais sérieux en disant ça et comment j’en étais arrivé là. J’ai essayé de lui expliquer que je ne me sentais tout simplement pas à l’aise avec ça et que tous les groupes avec lesquels j’avais grandi, avec pour exception AC/DC, pensaient la même chose. Il a secoué la tête et plusieurs fois pendant l’enregistrement il a essayé de me poser des challenges pour essayer ça. Au début, je ne voulais pas mais finalement j’ai essayé et en fait c’était marrant. Je crains d’être guéri définitivement.

 

A partir du 28 Mai vous serez en tournée pour le septième album. Que pouvons-nous espérer des festivals ? Comment pouvez-vous vous défaire des vaisseaux, robots et acrobates de 2012/2013 ?

Cette question plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès et nous torture le cerveau. Bien sûr nous voulons faire quelque chose de nouveau et d’excitant qui surprendra nos fans comme la dernière fois. C’est un vrai challenge.
Parce qu’on ne veut pas aller au-delà des limites, si bien que cela deviendrait trop, excessif et ringard. On ne veut pas devenir les esclaves de notre propre show et créer quelque chose qui pourrait mal se passer, encore plus que dans le passé.

C’est comme ça: plus le concept global est compliqué et étendu, plus il est fragile. Depuis « the Resistance Tour », j’en ai fini avec les systèmes hydrauliques. Je n’ai plus besoin d’être sur une plateforme qui plane à plusieurs mètres au-dessus du sol et qui vacille à mort. J’en ai assez de tout ça. Donc voyons ce que ce sera cette fois-ci.
A ce stade, je peux juste dire qu’on fera de notre mieux pour créer quelque chose de très spécial visuellement. Cela inclura des lasers, des écrans LCD et des séquences filmées mais aussi d’autres choses. Je pense que le mieux c’est juste de vous laisser surprendre. Jusque-là, ou du moins je l’espère, on ne vous a jamais déçus, n’est-ce pas ?

Vous pouvez lire l’interview complète (anglais) ici.

 

Benoît, Mégan et Caroline


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